Rapport du Sénat : « Véhicules sans chauffeur : le futur imminent »

08.12.2017 / Automobile, Gouvernance des transports et de la mobilité

Le Sénat publie un rapport d’information (téléchargeable ci-dessous) fait au nom de la commission des affaires européennes sur la stratégie de l’Union européenne pour le véhicule autonome, réalisé par René Danesi, Pascale Gruny, Gisèle Jourda et Pierre Médevielle, sénateurs.

Faut-il autoriser la circulation de voitures, bus ou camions dépourvus de volant et de pédales, dont l’itinéraire est déterminé par une intelligence artificielle ? Peut-on admettre que le réseau routier devienne l’apanage de robots sur roues ?

Si l’on s’en tient à ces interrogations ultimes, la réponse est clairement négative tant que la cybersécurité n’est pas garantie. Mais l’essentiel, aujourd’hui, n’est pas là. Car la longue marche vers les déplacements routiers dépourvus de chauffeurs a déjà parcouru un chemin considérable : des navettes totalement autonomes transportent des salariés sur le réseau routier privé de leurs employeurs ; les salons de l’automobile comportent toujours plus de prototypes, dénommés concept cars par les professionnels, pouvant circuler de façon totalement autonome ; surtout les voitures haut de gamme destinées aux particuliers comportent des dispositifs de sécurité en nombre croissant, qui pourraient servir un robot aussi bien qu’un chauffeur humain.

Même si elle se limitera finalement à une assistance variable selon les routes empruntées et l’état de la circulation, donc toujours en présence d’un conducteur titulaire du permis de conduire, l’enjeu technique, industriel et économique restera fondamentalement le même : le revenu tiré de la mobilité routière ira pour l’essentiel à ceux qui auront mis au point les systèmes d’intelligence artificielle performants pour la sécurité des voyageurs et des piétons, à ceux qui auront réussi à imposer leurs protocoles de communication entre véhicules et avec l’infrastructure, à ceux enfin qui proposeront les meilleurs outils informatiques permettant d’organiser les flux de circulation afin d’éviter les ralentissements trop souvent déplorés en zones urbaines de grande taille. Relevant à la fois de toutes les problématiques inhérentes à l’intelligence artificielle et à la robotisation, la conduite sans intervention d’un chauffeur est par excellence le thème dont la maîtrise technique aura des conséquences déterminantes pour la géoéconomie du XXIe siècle.

Au demeurant, la portée de la recherche sur l’auto-conduite des véhicules ne se limite pas aux connaissances scientifiques et à la rémunération des applications utilisées à très grande échelle : la protection de la vie privée et le traitement des données personnelles, la maîtrise de l’intelligence notamment sont des enjeux majeurs dans le monde. La vision européenne, surtout en matière de données nominatives, est loin d’emporter un consensus enthousiaste à l’échelle de la planète. Pour obtenir que leurs préoccupations à ce sujet finissent par être prises en compte, les Européens devront rester groupés, mais aussi avoir obtenu droit au chapitre sur le plan technique. Des initiatives importantes ont été prises en ce sens courant 2017.

Source : RGRA