Canada : augmentation de la consommation de marijuana et prévalence croissante dans les collisions mortelles
La Fondation de recherche sur les blessures de la route (FRBR - TIRF en anglais, Ottawa, Ontario) vient de publier deux notes d’information sur la consommation de marijuana par les conducteurs au Canada (téléchargeables ci-dessous) :
- Les tendances de la consommation de marijuana par les conducteurs canadiens sont résumées dans le sondage sur la sécurité routière 2019 "Tendances de consommation de marijuana par les conducteurs canadiens";
- La présence de marijuana chez les conducteurs décédés dans des collisions est aussi signalée dans la deuxième note "La consommation de marijuana chez les conducteurs au Canada, 2000 à 2016".
Les données indiquent que la consommation de marijuana et la conduite d’un véhicule dans les deux heures qui suivent ont augmenté considérablement, tout comme les préoccupations du public, à peine un an après la légalisation de la marijuana au Canada. Les données fournies par le sondage sur la sécurité routière représentent l’une des premières comparaisons de la conduite auto-déclarée après la consommation de marijuana au Canada un an avant la légalisation et un an après celle-ci. L’analyse révèle que le pourcentage de conducteurs qui déclarent conduire dans les deux heures suivant la consommation de marijuana a augmenté à 7 % en 2019, par rapport à 3,3 % il y a seulement un an. « Au cours des cinq années qui ont précédé la légalisation de la marijuana, on a clairement constaté une tendance générale à la hausse de la consommation avant la conduite, explique Heather Woods-Fry, chercheuse scientifique à la FRBR. L’augmentation notable de la consommation auto-déclarée avant la conduite pendant l’année écoulée porte à croire qu’une sensibilisation et une application de la loi beaucoup plus intensives sont nécessaires. »
L’inquiétude croissante du public à l’égard de la conduite avec facultés affaiblies par les drogues en général et, plus précisément, par la marijuana au cours des dernières années pourrait être le signe d’une sensibilisation croissante aux effets d’affaiblissement des facultés associés à la marijuana. Selon le sondage de 2019, sept Canadiens sur dix (71,3 %) étaient très préoccupés ou extrêmement préoccupés par la conduite sous l’influence de drogues, une hausse par rapport aux 59,5 % en 2014. Cette préoccupation est justifiée, compte tenu des preuves disponibles qui laissent croire que la drogue est associée à une augmentation du risque de collision.
Cette préoccupation est étayée par un examen des tendances concernant les conducteurs en cause dans des collisions mortelles survenues entre 2000 et 2016. Pendant cette période, 15,9 % des conducteurs décédés qui ont été soumis à un test de dépistage de drogues avaient obtenu un résultat positif à la marijuana en 2000, comparativement à 23,3 % en 2016. De plus, près de deux conducteurs sur cinq décédés dans des collisions routières et ayant obtenu un résultat positif à un test de dépistage de la marijuana ont aussi eu un résultat positif à un test de dépistage d’une autre substance, le plus souvent l’alcool. Cette tendance est inquiétante parce que des recherches montrent que les effets combinés de la marijuana et de l’alcool relativement à l’affaiblissement des facultés sont plus prononcés que pour l’une ou l’autre substance séparément.
« Pour établir une comparaison équitable à partir uniquement des données de 2016, on constate que 2,3 % des Canadiens ont déclaré avoir conduit dans les deux heures suivant la consommation de marijuana, mais que 23,3 % des conducteurs tués dans des collisions routières avaient un résultat positif au dépistage de cette substance, ce qui devrait nous donner à réfléchir, prévient Ward Vanlaar, chef de l’exploitation de la FRBR. À la lumière de la hausse à 7 % en 2019, les Canadiens qui doutent que la marijuana ait un certain effet sur le risque de collision devraient prendre en compte ces chiffres avant de prendre le volant. »
Pour la FRBR, il est essentiel de continuer à surveiller les indicateurs importants afin d’évaluer les effets de cette loi et de veiller à ce que des ressources suffisantes soient attribuées au soutien d’initiatives intensives d’application de la loi et de sensibilisation du public. Des efforts beaucoup plus concertés sont nécessaires pour informer les Canadiens au sujet des risques et remettre en question les perceptions erronées, mais répandues au sujet de la consommation de marijuana et de la conduite avec facultés affaiblies.