Vers la création d’une agence des routes de France

20.11.2017 / Gouvernance des transports et de la mobilité, Infrastructures

Alors que les régions reviennent à la charge en proposant de reprendre le réseau routier national non concédé, un colloque organisé le 16 novembre par TDIE, l’Idrrim, l’Usirf et Atec ITS France, a fait la part belle aux évolutions attendues dans la gestion et le financement des infrastructures routières.

Eclosion de voies dédiées aux bus sur des autoroutes, réflexion sur les péages urbains, mutations des usages (covoiturage, autopartage) et technologies nécessitant une adaptation des réseaux routiers… « Nous vivons un tournant dans le secteur. C'est le moment de faire bouger les lignes », motive Christine Bouchet, directrice des infrastructures de transport (DGITM) au ministère de la Transition écologique et solidaire. « La qualité de nos infrastructures routières représente un enjeu d'attractivité pour nos territoires. Outre-Rhin, elle s'est dégradée, et en France, elle se maintient mais il faut veiller au grain », appuie Charles-Eric Lemaignen, premier vice-président de l'Assemblée des communautés de France (ADCF).

Zone d'ombre au tableau, l'état du réseau national non concédé. Très utilisé et géré par l’Etat via les directions interdépartementales des routes (DIR), il cristallise certaines inquiétudes. Le premier rapport de l'Observatoire national de la route de l’Idrrim, à nouveau présenté lors de ce colloque, apporte un éclairage sur ce point et confirme que l’Etat a pris la mesure de la forte dégradation potentielle de ce réseau très sollicité et investit dans sa régénération. « Il manquerait de 200 à 300 millions d'euros supplémentaires par an selon les experts », estime Noël de Saint-Pulgent, ancien chef de la mission de contrôle économique et financier des Transports, placée auprès des ministères de l'Action, des Comptes publics et de l’Economie. Il préside l'un des 6 groupes de travail mis en place dans le cadre des Assises de la mobilité, celui sur la gouvernance et le financement. Un consensus s'en dégage sur le mouvement progressif d'intercommunalisation des routes, que tout le monde souhaite voir poursuivre. Emerge aussi une proposition de création d'une « Agence des routes de France », qui serait le bras armé de l’Etat dans le domaine et prendrait le relais de la DGITM. Et pour débrider le dispositif concernant les péages urbains, que les agglomérations peuvent expérimenter pendant 3 ans, ce qui est trop contraint dans le temps et en l'état guère amortissable. Ce groupe de travail, qui s'apprête à remettre ses conclusions, veut proposer une palette de nouveaux outils opérationnels. Il réfléchit notamment à la faisabilité, pour les collectivités gestionnaires de voirie, de percevoir un péage sur un itinéraire donné pour pouvoir financer des aménagements (ouvrages d'art).

Les nouvelles mobilités nécessitent aussi de nouveaux types d'équipements. Selon plusieurs intervenants, les besoins se concentrent autour des métropoles, en périphérie urbaine, « pour le transport collectif , c’est aussi là où l'équation technique et financière ne répond actuellement pas aux besoins », rebondit Charles-Eric Lemaignen. Un point reste en suspens et n'a pu être traité dans le cadre d'un autre groupe de travail réuni dans le cadre des assises, celui sur l'intermodalité : « c'est la question très sensible de la gouvernance. Aux départements la compétence routière, aux régions les transports ferroviaires, interurbains et scolaires. Faut-il changer cela ? La question n'a pas été tranchée et reste ouverte », conclut Valérie Lacroute, députée de Seine-et-Marne et présidente de ce groupe de travail dont les conclusions vont être aussi très prochainement remises.

Source : Localtis