La PFA s’organise pour « la survie » de la filière automobile en France

23.05.2018 / Automobile, Energie et environnement, Nouvelle économie

Le 22 mai, l’Etat signait le contrat de filière (téléchargeable ci-dessous) présenté par la plate-forme automobile (PFA) pour les années de 2018 à 2022. Signe de l’importance de l’enjeu, les présidents de Renault et PSA étaient présents aux côtés des ministres Bruno Le Maire, Nicolas Hulot et Elisabeth Borne ainsi que Luc Chatel, président de la PFA, et Francis Bartholomé, président du CNPA et de nombreux industriels.

L’enjeu de cette réunion était la signature du contrat de la filière automobile pour les 4 prochaines années. Il s’agit d’un plan d’actions « sur un nombre limité de projets structurants à forts enjeux ». Proposés par les entreprises de la filière ces projets constituent un « ensemble d’engagements réciproques ».

« La signature de ce contrat de filière est importante pour l’avenir de l’automobile en France. La filière automobile va connaître des bouleversements qu’elle n’a jamais connus au cours de son existence. L’enjeu c’est clairement la survie de l’automobile sur le territoire français », a déclaré Luc Chatel.

Ces différents engagements, appelés « projets structurants », concernent 4 thématiques : la transition énergétique et écologique, le véhicule autonome, l’évolution des besoins en compétences et en emplois, la compétitivité de la filière.

La transition énergétique est au cœur de ces 4 enjeux puisque, comme l’a rappelé Nicolas Hulot, « en 2040, on ne devra plus vendre de véhicules qui émettent des gaz à effet de serre », donc des véhicules à moteur thermique. Cette annonce faite en juillet 2017 lors de la présentation du plan climat trouve ici une partie de sa concrétisation. « Je me réjouis qu’on se mette en situation et en ordre de marche. C’est un enjeu économique, il faut se structurer car les choses sont parties de manière irréversibles », a dit le ministre de l’Environnement.

L’enjeu est donc de développer fortement les ventes de véhicules électriques avec des volumes très ambitieux au regard des volumes actuels. « L’objectif est de passer de 120 000 à 600 000 véhicules électriques d’ici à 2022, c’est une multiplication par 5 du nombre de véhicules électriques sur l’ensemble du territoire », a souligné Bruno Le Maire. A cela s’ajoute une cible d'un parc de 400 000 véhicules hybrides rechargeables, également en 2022. Des résultats (1 million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en parc) qui doivent faire de la France « un pays leader en matière de véhicule électrique », a poursuivi Bruno Le Maire.

Le ministre a intégré dans cette stratégie l’ambition de développer une filière européenne pour les batteries autour de l’entreprise Saft qui devrait associer des entreprises belge et allemande.

L’Etat soutiendra les ventes de véhicules électriques avec le développement de bornes publiques avec un engagement de 1 borne pour 10 véhicules, soit 100 000 d’ici à 2022. « Nous allons dépenser pour cette installation 300 millions d’euros », a précisé Nicolas Hulot. Il a également annoncé une simplification de la mise en place des bornes de recharge dans les copropriétés : « aujourd’hui nous sommes à environ 30 000 véhicules électriques par an. L’idée est de tendre à la fin du quinquennat à 150 000 véhicules par an ».

Le plan stratégique de filière intègre également l’accompagnement des entreprises et des métiers qui devraient pâtir de la transition énergétique. « Il y aura 150 à 180 entreprises qui passeront par l’accélérateur de la BPI dans le domaine de l’industrie automobile qui permet aux PME de se transformer et d’acquérir les nouvelles technologies », a dit Bruno Le Maire.
« Nous souhaitons également accompagner la filière Diesel parce qu’elle est évidemment menacée par les évolutions technologiques. Ce sont près de 9 000 personnes qui travaillent dans la filière Diesel en France. Nous avons débloqué 18 millions d’euros pour l'accompagner », a poursuivi le ministre de l’Economie. Il a également annoncé que les constructeurs participeraient financièrement avec la reconduction d’ici à la fin de l’année du Fonds Automobile.

Dans le cadre de ce pacte, l’Etat s’est également engagé à « une visibilité sur la fiscalité sur les bonus vis-à-vis de l’automobile », a souligné Luc Chatel. La loi de finances 2019 devrait fixer la trajectoire du bonus jusqu’en 2022. En effet, il faudra trouver sur les recettes du malus de quoi financer la vente d’un nombre croissant de véhicules électriques.