« La SNCF coûte moins cher que les accidents de la route » : FAUX

06.03.2018 / Automobile, Gouvernance des transports et de la mobilité, Infrastructures, Sécurité routière

Le 4 mars, Olivier Razemon a publié un article sur le blog du journal "Le Monde" avec le titre "La SNCF coûte moins cher que les accidents de la route".

Le rapport Spinetta, publié le 15 février, a rappelé le coût élevé du système ferroviaire français pour les finances publiques : de l'ordre de 14 milliards par an, soit 200 € par Français.

Si le rail coûte cher au contribuable, le journaliste s'interroge sur le fait de savoir combien lui coûte la route ?

Il indique que "les dépenses des administrations pour la route atteignent un montant comparable au coût de la SNCF, 15,2 milliards d’euros par an, dont 12,9 milliards pour les collectivités locales" (chiffres 2015).

A ce montant, Olivier Razemon estime qu'il faut ajouter des externalités négatives comme :

  • le coût des accidents de la route (hôpitaux, réparations, effets psychologiques, pertes de production, etc.),
  • celui de toutes les actions visant à prévenir ces accidents (radars, forces de l’ordre, etc.)
  • celui de la congestion automobile (temps perdu, stress)
  • les conséquences du bruit et de la pollution atmosphérique.

"Pour effectuer un bilan, l’Université technique de Dresde, à la demande du groupe Verts/ALE du Parlement européen, a publié une étude intitulée « Les coûts externes de l’automobile ». Les chercheurs évaluent ces dépenses à 374 milliards d’euros à l’échelle européenne, 50,5 milliards pour la France. Pour l’Hexagone, selon cette étude, le coût des accidents de la route (16,8 milliards en 2008), dépasse à lui seul le fardeau de la SNCF identifié par le rapport Spinetta (14 milliards). Si on prend en compte l’ensemble des coûts générés par les accidents de la route, y compris ceux qui pèsent sur les particuliers, on atteint même 32,8 milliards d’euros en 2015, d’après les calculs de l’Observatoire national interministériel de l’insécurité routière."

En conclusion de son article, Olivier Razemon indique que l'on ne tient pas compte du fait que le rail, lui aussi, contribue aux recettes fiscales.

L'avis de l'URF

1/ Cette comparaison est biaisée. Il faut ramener le chiffre aux unités transportées (voyageurs ou tonnes par km). Selon l'Université de Dresde, la route en France coûte 50 milliards mais rapporte près de 40 milliards, soit un coût net de 10 milliards, soit moins que le ferroviaire. Si l'on rapporte cela aux trafics comparés, en ajoutant les voyageurs-km et les tonnes-km pour aboutir à des unités de trafic (U-km), le fer fait un total de 140 milliards d'U-km, pour un coût de 14 milliards, soit 0,1 € par km. Pour la route, on est de l'ordre de 1.000 milliards d'U-km pour un coût net de 10 milliards, soit 0,01 € par km. La route coûte 10 fois moins que le fer. CQFD

2/ Quid des externalités positives de la route ?

  • 2,2 millions d'emplois en France
  • 39,2 Mds € de recettes fiscales spécifiques hors TVA (chiffres 2016)
  • 36.000 communes desservies 24h/24h

3/ Contrairement à une idée répandue, le ferroviaire ne contribue pas aux recettes fiscales (au titre des contributions spécifiques aux transports). La seule recette spécifique est le "Versement Transport" (8,1 Mds € en 2016) au bénéfice des transports collectifs urbains qui ne sont pas exclusivement ferrés (49% pour l'Ile de France et 51% pour la province) : Voir les comptes des transports de la Nation 2016 (p.40)

Conclusion : il convient de ne pas opposer les modes de transport, mais plutôt chercher à organiser leurs complémentarités en fonction de leur pertinence.